A l'occasion de la sortie du deuxième volume de l'étude historique de Jacques Krynen sur le pouvoir judiciaire, la revue HISTOIRE publie un résumé fort intéressant des enjeux de ses recherches. A lire sur le site du magazine. Ci-dessous, un extrait de la conclusion de Michel Porret:
En raison du grand pouvoir que détiennent les juges contemporains,
faut-il les élire en France - après la Suisse, les États-Unis et les
juridictions européennes ? La question de la politisation de l'appareil
judiciaire divise les juges. Comme les conseils de prud'hommes et les
tribunaux de commerce élus en France dès le Moyen Age, la magistrature
élective se marie avec l'indépendance et l'impartialité judiciaires.
Instaurée sous la Révolution 1790-an VII pour souder la justice aux
citoyens, la magistrature élective mobilise la gauche au XIXe siècle,
qui en fait la condition du républicanisme judiciaire.
Le juge ne vit pas dans l'abstraction juridique, hors du monde
social. Sa politisation, qui nuirait à l'exercice de la justice, est «
un fantasme », même si le populisme pénal peut en affecter la sérénité.
L'élection démocratique renforcera la légitimité de la magistrature. La
démocratie, longtemps sidérée par la sacralité de la justice, ne peut
plus s'arrêter à l'huis du prétoire, comme sur les marches du Temple.
Thémis supporte l'incarnation d'individus issus du suffrage et
périodiquement responsables devant le peuple souverain ou les électeurs
judiciaires. Avec sa forte actualité politique, cette magistrale page
d'histoire montre les espoirs que la démocratie place dans la justice
pour une cité juste, selon l'héritage des Lumières.
- L'Etat de justice, France, XIII-XXe siècle. T. II, L'Emprise contemporaine des juges, par Jacques Krynen, Gallimard, "Bibliothèque des histoires", 2012, 432 p., 26 euros.
- Illustration ci dessus- Michel Caron
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